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Quid Novi Rock'n'roll ?

Antony & the Johnsons – I Am A Bird Now, 2005

PREMIÈRE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN FÉVRIER 2012


 

 

 

Bonjour à tous ! Pour cette première chronique de l'année, je ne vais pas me plonger dans la moiteur virile d'un quelconque groupe rock poilu, mais me pencher sur un disque sophistiqué et branché... Et oui.

 

Commençons par présenter un peu Antony & the Johnsons... Déjà, vous pouvez oublier les Johnsons, le côté très générique du patronyme ne masquant absolument pas sa parfaite inadéquation avec le concept de groupe. En effet, seule Julia Kent, aux violoncelle et autres cordes frottées, est présente aux côtés d'Antony depuis ses débuts sous ce nom. Parlons plutôt d'Antony (Hergarty), américain d'adoption – il est originaire du Sussex – et leader de la formation depuis le tout début des années 2000. C'est un drôle de personnage : un charisme totalement absent malgré une incroyable présence scénique, une introversion torturée mais une tendance drag queen pleinement revendiquée, une mélancolie et parfois un désespoir profonds transmutés en textes sincèrement naïfs et surtout, des cordes vocales impressionnantes... À l'image de tout son travail, la voix d'Antony tire son unicité par la cohabitation de sa majesté et de sa fragilité ; un paradoxe de plus en somme. Mais quelle voix ! Rien que sa tessiture est inhabituelle ; la maîtrise, quant-à elle, est parfaite.

 

En 2005, après un premier opus passé totalement inaperçu, Antony & the Johnsons sortent le disque qui va leur assurer la notoriété et la visibilité : I Am A Bird Now.

 

antony-and-the-johnsons_i-am-a-bird-now.jpg

 

Antony est installé à New York depuis les années 90 et très franchement : ce disque est typiquement new-yorkais, dans la plus pure tradition des artistes branchés en circonvolution autour de l'Astre Warhol. Vous voyez : tout cet amalgame de pop culture où se mêlent la musique, la mode, l'art contemporain, la performance, le tout arrosé de champagne et de cocaïne et peuplé de mondains mécènes et d'inconnus opportunistes en manque de glamour et de paillettes ? Bref, les artistes que je descends souvent en temps normal.

 

Seulement, je ne vois pas comment égratigner tant de beauté même avec toute la force de ma mauvaise fois, elle-même désarmée, émue, bref inutile et déplacée. Je ne vais pas gâcher ou conditionner le plaisir de l'écoute, mais je vais tâcher de vous laisser au moins quelques commentaires et analyses.

Si vous avez coutume, comme beaucoup de gens très bien, rassurez-vous, de commencer la lecture d'un billet par son début, vous avez compris que la voix d'Antony est exceptionnelle. Elle est aussi tellement étrange que j'ai peine à vous la décrire... disons qu'elle exprime assez bien elle-même l'ambiguïté sexuelle du chanteur, qu'elle insuffle un je ne sais quoi d'hypnotique et de troublant. Elle a aussi des accents noirs – on la compare souvent à celle de Nina Simone – qui s'expriment pleinement sur le tube antidépresseur Fistful Of Love où les vocalises très soul éclipsent pas mal un Lou Reed à la limite de la figuration. Elle sait aussi se faire cajolante, comme sur You Are My Sister ou vous tirer des larmes avec par exemple la plainte assez désespérée de Man Is The Baby. Je vous laisse découvrir ! Il y a aussi pas mal d'autres belles voix en compagnie d'Antony sur ce disque, comme Boy George – qui ne compte pas parmi mes références, cela étant dit...

La musique est nettement plus conventionnelle, même si les parties de clavier d'Antony sont parfois légèrement déstructurées, et on trouve ainsi tout ce que l'on trouve sur ce genre de musique mélancolique et romantique : des cordes frottées, une batterie discrète, une basse très simple, etc... Bien souvent on vire dans le psychédélique, comme sur la conclusion de I Hope There Is Someone ou sur l'excellent Spiralling ; un aspect qui passe toutefois bien plus par les voix que par les parties instrumentales qui ont davantage pour mission d'assurer une ambiance propice à ces fascinants vagabondages de la pensée. Les compositions sont toutefois intéressantes et l'excellent mixage permet de profiter de toute la richesse des arrangements – que les réfractaires pourront en revanche trouver extrêmement pénibles.

 

Ce qu'il y a vraiment à retenir, c'est plus le sentiment général qui se dégage de l'ensemble : une douce mélancolie un peu torturée dans laquelle on ne se sent pas si mal. Même si la naïveté des textes, pourtant parfois très arty ou "glauques" en mode adolescent, peut faire un peu sourire, c'est aussi un cri touchant d'un grand rêveur. À découvrir !



31/08/2013
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