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Quid Novi Rock'n'roll ?

The Clash – Cut the Crap, 1985

Bonjour les amis !

 

Je voulais absolument vous chroniquer mon album favori du Clash, Sandinista (1980), trop souvent occulté par l'idolâtrie qui entoure London Calling (1979). Or voilà, je manque de temps et il est hors de question que je traite ce merveilleux triple album de trente-six chansons pour pas loin de deux-heures et demie de musique par-dessus la jambe ; ah ça non alors, non mais sans blague ! Du coup, comme je tenais quand même à parler du Clash... et bien on va parler de ce catastrophique dernier opus qui me réclamera beaucoup moins de temps. Il ne le mérite pas.

 

Cut_the_Crap.jpg

 

Ce qui frappe immédiatement à l'écoute de Cut the Crap c'est sa production absolument dégueulasse : dès « Dictator » qui ouvre l'album on s'en prend plein la gueule avec un synthé à gerber, une batterie tellement mixée « années 80 » qu'on la confond totalement avec la boîte à rythme et les percus synthétiques ; derrière tout ce bordel il y a des samples, des choeurs, une guitare rythmique compressée comme un boudin dans son boyau, d'autres guitares, une basse totalement figurative mais qui fout bien la merde dans le bas du spectre où tout est déjà résolument brouillon. Le tout vous colle une horrible migraine en quelques secondes et c'est très dommageable car il en sera ainsi sur TOUT l'album. C'est excessivement mauvais. Écoutez donc « Are You Red..y » : putain, mais c'est quoi ce truc ? C'est d'autant plus dommage que quelques chansons auraient pu très bien fonctionner avec une production digne de ce nom même si, il faut bien le reconnaître c'est très, très en dessous de ce que Strummer propose habituellement.

 

En fait, le plus intéressant avec Cut the Crap c'est de comprendre ce qui a pu engendrer cette abomination sonore et ce bras d'honneur artistique. L'album précédent, Combat Rock (1982), s'il est déjà sûrement un peu moins bon et surtout authentique ou honnête que tous ceux qui l'ont précédé, reste un très bon album et les tubes « Rock to the Casbah » et surtout « Sould I Stay or Should I Go » ne sont toujours pas près de finir leur carrière. Par quel miracle nauséabond un des meilleurs groupe de rock de tous les temps a-t-il pu sombrer en seulement trois ans et pondre ce bâtard informe ?

 

Déjà il faut savoir que le Clash qui joue sur Cut the Crap n'est qu'un cadavre ramené à la vie : depuis 1983, il ne sont plus que deux. Nicky « Topper » Headon, batteur prodigieux, a été viré en raison d'une addiction à l'héroïne désastreuse et Mick Jones est viré par Strummer en personne « en accord avec Paul, et largement remonté par Bernie(1) ». Bernie ? Bernie. Bernard Rhodes. Le Bernard Rhodes. Celui qui obtenu sa première audition à John Lydon quand il n'était pas encore Johnny Rotten, leader de l'autre groupe emblématique du punk, les Sex Pistols(2). Et ce bon vieux Bernie est aussi à blâmer sévèrement pour ce carnage nommé – ironiquement ? – Cut the Crap... Finies les conneries. Bernie sait que le groupe a implosé et que si le feu s'éteint de lui-même il sera trop tard pour profiter de l'immense prestige dont jouit toujours le Clash. Et il va pousser le groupe à sortir ce nouveau disque avec les trois nouveaux venus(3) le plus vite possible, co-écrivant tous les textes avec Strummer et produisant lui-même l'album. Peut-être conscient que son travail de producteur repousse les limites de la médiocrité, il passe carrément par un pseudonyme qui fait bien plus penser à Joe Strummer qu'à lui : Jose Unidos. Le claviériste Mickey Gallagher et le bassiste Norman Watt-Roy ne sont même pas crédités(4)...

 

Je ne vais pas aller plus loin. Qu'avons-nous ? Nous avons une parodie de groupe, une véritable tromperie qui rend une des rares chansons qui aurait pu être vraiment réussie tellement gênante qu'au final s'en est triste. Ça vous amuse de voir ce qu'il reste du groupe scander « We Are the Clash » ? Nous avons des chansons très majoritairement peu inspirées, voir pas inspirées du tout. Certes le single « This Is England » fait généralement l'unanimité quant à sa qualité en tant que chanson, mais c'est une consolation assez légère et qui ne peut en rien faire oublier à quel point le reste est indigent et artificiel. Enfin, nous avons une production et j'insiste particulièrement là-dessus, catastrophique... D'un simple point de vue technique c'est déjà très, très mauvais. Le son est terriblement compressé, les prises de son visiblement indigne d'un studio et la tentative de camouflage derrière des couches et des couches d'on ne sait même plus quoi au bout d'un moment, merde à la fin, fait que, très vite, on s'en bat juste les couilles et qu'on a simplement envie que ça s'arrête, que cette chose boursoufflée, indigeste et dégueulasse se fasse sauter le caisson et aille crever ailleurs.

 

Un très, très mauvais disque...

 


NOTES :

1 : Jean-Philippe GONOT, The Clash, Coll. Castor Music, Le Castor Astral, Bordeaux, 2010, p. 245

2 : Il a d'ailleurs co-managé les Sex Pistols avec Malcolm McLaren pendant quelques temps.

3 : Nick Sheppard, Pete Howard et Vince White qui sont totalement transparents sur ce disque. Je n'ai donc rien à dire sur eux... à part qu'ils décideront d'eux-mêmes de se tirer au plus vite après la réception misérable de l'album.

4 : Pourtant ils savait tous les deux à quoi s'en tenir après la manière dont ils ont été spoliés de leur travail sur Sandinista où la paternité de certains éléments qui sont tout simplement aujourd'hui des piliers de l'identité de certains tubes n'a été avouée que du bout des lèvres pour éviter que l'affaire ne fasse trop de bruit. Je vous en reparlerai, c'est promis.



18/09/2014
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