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Quid Novi Rock'n'roll ?

Quelques albums de reprises...

 

PREMIÈRE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN MAI 2012


 

 

 

Bonjour à tous !

 

Ce n'est pas la première fois que je traite ici d'albums constitués exclusivement de reprises. Je vous avais parlé du premier album de l'acteur britannique Hugh Laurie, Let them talk et du disque de Renaud consacré à Brassens, Renaud chante Brassens ou encore de Personal Jesus de Nina Hagen. Aujourd'hui, je ne vais pas m'appesantir sur les détails, je vais simplement présenter quelques disques et vous livrer mon sentiment sur ce qu'ils ont d'intéressant... ou pas ! Car, ne nous le cachons pas, un disque de reprises peut aussi être fait dans l'unique but d'alimenter la discographie désertique d'un artiste en mal d'inspiration comme être une tuerie absolue.

 

Commençons par une tuerie...

 

 

Nick Cave & the Bad Seeds – Kicking Against The Pricks, 1986

 

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Une référence du domaine à mes yeux, Kicking Against The Pricks porte indéniablement la griffe de Nick Cave et de ces diables de Bad Seeds : parfois, ça se barre complètement en couille. Les chansons choisies pour composer le troisième album du groupe ont cette grande force d'être immédiatement reconnaissables malgré les modifications, parfois assez profondes, qu'elles ont subies. On retrouve la démarche souvent assez jusqu'au-boutiste de la formation emmenée par ce cinglé d'australien : Black Betty, la work song contemporaine de Huddie « Leadbelly » Ledbetter sera ainsi reprise a cappella – si l'on excepte les claps – façon prêtre évangéliste en pleine transe – esthétique très chère à Cave. Jesus Met The Woman sera aussi l'objet d'un travail vocal plutôt décalé... On trouvera aussi bien entendu quelques perles pour ce crooner tordu de Nick Cave avec la magnifique reprise de By The Time I Get To Phoenix de Jim Webb ou celle, non moins magnifique de la chanson populaire et guimauve Something's Gotten Hold of My Heart de Roger Greenaway et Roger Cook. On croise d'autres merveilles comme les reprises All Tomorrow's Party du Velvet et de Running Scared de Roy Orbinson, mais la vraie claque est donnée dés le début avec une version tout simplement splendide de Muddy Water de John Bundrick – clavier de Free sur quelques disques, vous trouverez la chanson originale sur l'album Heartbreaker (1972).

 

Un excellent album, farfelu, décalé, mais toujours brillant dans son approche et son appropriation des chansons.

 

 

 

 

Les Croquants – Ça sent la bière, 2001

 

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Petite incursion du côté de la chanson française... Je n'ai pas grande tendresse pour cet album live même s'il est loin d'être foncièrement mauvais : seulement la démarche choisie par le duo me dérange quelque peu...

 

La démarche ? Prenez quelques-un des plus grands standards de la chanson française, de préférence ceux que tout le monde connaît et adaptez-les pour la scène pour envoyer le plus possible et bénéficier ainsi de voix choeur enthousiastes à bas prix. La limite de cette démarche est que ça vire très souvent au bas du front et si certes on ne se prend pas la tête à l'écoute de ce live, les mélomanes comme les amateurs de chanson vont s'ennuyer profondément s'ils parviennent tout simplement à écouter le disque en entier... Tout chez les Croquants est fait sans finesse : des parties d'accordéon qui frisent le ridicule du riff techno couillon, des pompes de guitare certes extrêmement pêchues mais vite gonflantes, des voix gueulardes et pas franchement agréables d'un bout à l'autre... Pour le coup, si vous cherchiez du franchouillard, vous en aurez pour votre argent.

 

Le choix des textes est aussi quelque peu malhonnête ; il est même franchement incohérent... Pas sûr que Brassens ou Vian, dont on entend ici respectivement La Marine et Je Bois eussent été ravis de se retrouver ainsi cité aux côté d'un Aznavour ; pas sûr non plus qu'un Gainsbourg ait souhaité voir Le Poinçonneur des Lilas être joué juste avant Mon Amant de Saint-Jean...

 

Allez, je cesse de tourmenter ces braves Croquants ; on est libre de chercher le succès de la manière dont on le souhaite, on est libre aussi d'être artistiquement à côté de la plaque, mais si cela avait pu rester sur scène et ne pas venir polluer les bacs déjà sévèrement contaminés de la « variété française », ça nous aurait fait de l'air...

 

 

 

 

Annie Lennox – Medusa, 1995

 

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La chanteuse britannique proposait en 1995 un deuxième album avec une dizaine de reprises de son choix ; des standards de la musique rock et pop allant de Neil Young, avec Don't Let It Bring You Down à Wainting In Vain de Marley en passant par Train In Vain du Clash et même par A Whiter Shade Of Pale de Procol Harum ou encore Take Me To The River d'Al Green.

 

Rien de particulièrement intéressant à dire sur ce disque dont les deux principaux atouts sont la voix de son interprète qui s'avère brillante et inspirée et sa production pop totalement opposée à celle des chansons originales. Un traitement qui peut choquer les plus puristes d'entre-nous mais qui se révèle au moins intéressant à défaut de flatter toutes les subjectivités... Pour ma part c'est un très bon album et si forcément le tout a pris une belle teinte kitsch – et oui, quelle que soit l'époque, la pop, comme pendant musical de la mode, vieillit très mal – avec cette production alliant mixage lisse comme le marbre et sonorités électroniques, il faut aussi l'apprécier pour ce qu'elle est et profiter des arrangements simples mais élégants.

 

Une curiosité qui se laisse découvrir !

 

 

 

 

The King's Singers – Capella, 1998

 

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Pour cette dantesque compilation, les « chanteurs du roi », une formation relativement connue – et même détentrice d'un grammy award – reprend ici tout un tas de standards pop sur le premier CD et des pièces classiques sur la majeure partie du deuxième. On est assez loin de la légèreté de ton d'un Bobby McFerrin : les chanteurs sont de véritables chanteurs de classique ! Mais, comme seuls les anglais savent le faire dignement (1), ils se jouent avec bonheur de leur approche faussement guindée des classiques de la pop anglo-saxonne et même internationale puisqu'ils reprennent la Valse À Mille Temps de Brel et un certain nombre d'autres chansons françaises. La version de The Boxer de Simon and Garfunkel vaut particulièrement le détour : c'est magnifique et le dépouillement laisse exploser tout le tragique du texte.

 

Je ne vais pas plus loin, je vous laisse découvrir ; c'est une curiosité certes, mais la qualité est bien là ! On passe de l'hilarant à la plus brillante performance vocale en quelques secondes ; plus généralement, on passe un très très bon moment à l'écoute de Capella.

 

 

 

 

Pink Martini

 

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Pas grand chose à dire sur Pink Martini, ce célèbre groupe qui reprend des standards du monde entier avec talent depuis de nombreuses années maintenant. En tout cas, si vous ne connaissez pas, ruez-vous dessus ! Les musiciens sont excellents, les arrangements parfaits, la voix de China Forbes juste irrésistible et le charme désuet et exotique qui parfume le tout donne une folle envie de voyager. Je vous conseille tout particulièrement Hang On A Little Tomato (2004), leur meilleur album à mes yeux avec une merveilleuse version de Syracuse de Bernard Dimey et Clementine, une composition (2) du groupe qui s'avère délicieuse.

 

 

 

 

Seal – Soul, 2008

 

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Je ne vais pas vous faire l'outrage de vous présenter ce gigantesque succès que fut Soul, l'album de reprises de classiques de la soul du chanteur, britannique lui-aussi.

 

Tous les grands sont là (Al Green, Otis Redding, Curtis Mayfield...), les arrangements et les musiciens impeccables, la voix de Seal a de la gueule, c'est sûr ; bref, tout est chiadé à souhait... Mais Seigneur ! C'est d'un convenu pas possible, on pourrait résumer Soul à une couche de lustrant ou à un remake pur et simple : on prend des morceaux magnifiques mais qui ne sont plus du goût standardisé des oreilles d'une époque donnée, on les formate pour qu'ils s'y plient et on colle un chanteur connu derrière un micro pour mettre tout ça en boîte...

 

Là où Medusa était intéressant parce que Lennox explorait des morceaux extrêmement différents et les liait par le biais d'un esthétique commune, Seal livre un album de bonne facture, mais artistiquement assez triste et totalement dénué d'horizon...

 

 

 

 

Bruce Springsteen – We Shall Overcome, the Seeger Sessions, 2006

 

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Faisons bref : c'est un chef-d'oeuvre !

 

On le regrette le Springsteen du début des années 2000 ! Lui qui s'était éloigné du succès après un Born in the USA (1985) trop fort pour lui, il avait scié tout le monde là où personne ne l'attendait en 1995 avec the Ghost of Tom Joad, un album qui le ramenait à l'époque sombre mais bénie de Nebraska (1982) et qui marquait surtout son grand come back en tant que songwritter pur jus.

 

En 2006, nouvelle surprise avec cet album foutraque et débridé sorti de nulle part et consacré à l'oeuvre de Peter Seeger. Qu'il est loin le dépouillement des deux disques précédemment cités ! Ici on est dans la démesure instrumentale, mais à mille lieues de ce qu'elle signifie quand le boss officie entouré du très électrique E-Streed Band : ici tout le monde s'éclate, mais en acoustique ! Par contre, on ne se prend pas le chou outre mesure : les musiciens livrent des solos délirants, on entend parfois Springsteen hurler des consignes en direct et c'est dans la bonne humeur générale que ces classiques du folk américain nous sautent aux oreilles. Malgré le ton globalement décontracté, on ne peut que louer des arrangements aussi intelligents et réjouissants : des choeurs, des cuivres, des cordes, de l'orgue, du piano, du banjo, de la guitare, de l'harmonica, de la batterie, de la contrebasse, tout y passe, mais tout y trouve sa place avec un naturel désarmant(3).

 

Les chansons tirent partie de cette diversité avec une aisance démontrant tout le talent qu'a eu Seeger pour leur conférer la qualité formelle offrant des possibilités de traitement aussi explosifs sans nuire à l'oeuvre originale. Car des chansons magnifiques on en a tout le tour du ventre sur the Seeger Sessions : We Shall Overcome, bien sûr, mais aussi Pay Me My Money Down, Mrs. McGrath, Eyes On The Prize ou Erie Canal... Et des chansons qui laissent aux musiciens du Session Band l'occasion de libérer toute leur énergie aussi : Old Dan Tucker, Jessie James, My Oklahoma Home, O Mary Don't You Weep...

 

Un album à posséder !

 

***

 

À bientôt chers amis, portez-vous bien et à très bientôt !

 

1 : Voyez pour preuve comment le Ukulele Orchestra of Great Britain triomphe la tête haute d'Ennio Morricone avec le thème de The Good, the Bad and the Ugly comme vous ne l'avez jamais entendu ! 

2 : Ce qui du coup fait un peu tache dans cette chronique, mais il ne faut pas passer à côté de cette chanson !

3 : La version que je possède, la première à être sortie propose un disque réversible : un côté CD, bien sûr, mais aussi une face DVD avec quelques vidéos dont un making-of génial où ont voit les musiciens « bosser » (haha) dans la décontraction la plus totale. La méthode de travail est simple : on cause et on essaie, si ça marche on enregistre. Bref, on ne se prend pas la tête, c'est parfait.



04/09/2013
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