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Quid Novi Rock'n'roll ?

Les Clébards, le genre humain, 2011

PREMIÈRE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN MARS 2011


 

 

Pas facile de chroniquer l'album de collègues... Mais, vu que je n'ai presque que du bien à dire de leur nouvel album, ils me pardonneront les éventuels et menus reproches. (Bisous les grôs.)

 

Mais tout d'abord, laissez-moi vous parler des Clébards en quelques mots. C'est un groupe relativement inclassable, qui se revendique du rock français, avec ce que cela suppose de chansonnesque, mais qui n'a pas voulu raser sa crête ; on n'est pas loin de Pigalle, avec un gros soupçon de terroir en plus. Par chez nous, ils forment le pont entre les différentes formations de la scène punk et celle qui plus de la chanson anarchiste ; bref, un milieu où tout le monde se dit rock'n'roll sans que personne n'y soit foutu d'aligner plus de trois notes de Johnny B. Goode – je caricature, hein... Qu'importe, tout le monde se fend la pèche et la bonne humeur et la cohésion n'ont rien d'artificiel.

 

 

Le Genre Humain est le troisième album de la bande à Micka après Rockabar et Histoires De Trottoirs. Le titre annonce la couleur : l'album est plus ambitieux, plus mature que les précédents. Musicalement l'évolution est évidente, c'est toujours aussi efficace avec cette guitare électrique très mélodique et les thèmes d'accordéon qui vous restent en tête pendant des jours, les morceaux ont toujours ces structures classiques type couplet, refrain qui ont fait leurs preuves, mais en s'autorisant des passages musicaux et des petits arrangements qui n'ont l'air de rien mais qui mettent l'ensemble en valeur et qui envoient du bois à l'occasion. On aura un petit passage qui sonne un peu trad' sur Vendredi Dernier, par exemple. C'est du très bon, on sent nettement ces quelques années sur la route. Pour autant, pour ceux qui n'auraient pas saisi : l'idée n'est pas de faire du rock sophistiqué et pédant, on est très loin des mélasses prétentieuses avec fringues de marques et grilles en accords mineurs diminués. Deux instrumentaux sont d'ailleurs au programme : Stravinsky peut dormir tranquille au fond de son tombeau, certes, mais ça reste vraiment sympa et surtout ça offre une respiration au disque – en plus la partie de guitare électrique sur Chez Les Vieux est loin d'être vilaine.

Concernant les chansons, c'est les Clébards pur jus : portraits de losers attachants, pensées tendres et acides sur tous les paumés et les exclus, les laissés pour compte d'une société dont les absurdités et la bêtise sont pointées du doigt avec une ironie qui ne cache ni l'amertume, ni la colère. Les mots semblent parfois maladroits aux talibans de la chanson tels que moi, mais qu'importe, ça va droit au but et il y a un vrai talent de conteur et un discernement loin d'être si courant : allez voir au delà des clichés, tous les petits détails dont nous parlent les chansons sont authentiques. On tient d'ailleurs quelques tubes avec Post-Scriptum et ses choeurs qui tuent, Au Bistrot De La Marrée Basse - « y'a du jaja à un euro, y'a du jaja à un euro ! » – et quelques chansons plus intimes, ce qui est une nouveauté, avec L'oeil Vitreux ou Le Bras Pourri.

 

Mais surtout, et c'est en cela que le changement est radical, le mixage est très particulier et si je sais qu'il ne fait pas l'unanimité, j'en envie de dire : « M'en tape, je kiffe. » Pour ceux qui connaissent le son habituel des Clébards, on n'est pas tout à fait dans une révolution, mais tout de même il y a une grosse masse de décibels qui sont venus se joindre à la fête ! Déjà les lascars se sont fait un malin plaisir de grossir le son : de la basse – eux qui se vantaient jusqu'à lors d'être un groupe de rock sans basse – qui envoie, des choeurs, un lifting du son de gratte... Au mixage, le tout est très serré, très compact et ça vous pète à la gueule comme une tornade. Ceux qui ne voient pas l'image derrière le « mur de son » apprendront ici qu'il n'est pas forcément nécessaire d'empiler plusieurs mètres de trois-corps Marshall pour que la puissance soit au rendez-vous. Après, j'ai entendu pas mal de critiques sur le traitement de la voix : je ne sais pas trop quoi répondre à cela. Déjà parce que, personnellement, ça ne m'a pas franchement dérangé, j'ai même trouvé ça plutôt léché. Aussi parce que, j'aime cette façon de mixer la voix sur un disque de rock : un poil en retrait par rapport au mixage « à la française » où elle est généralement plus en avant ; cela participe aussi de la cohérence de ce son massif. En revanche la guitare acoustique est un peu forte à mon goût, mais c'est une marque importante du son du groupe et un choix discutable, mais compréhensible, donc.

 

Je vais y aller de mon petit reproche à moi : je trouve que la « B-side », comprenez la seconde moitié du disque est un peu moins réjouissante que la première ; en partie en raison de la perte – relative – de ce côté « mur de son ». Enfin bref, si vous ne connaissez pas les Clébards, c'est distribué chez Massprod : si vous voulez un bon disque de rock par prise de tête, vous savez quoi faire. Bonne écoute !



08/07/2013
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