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Quid Novi Rock'n'roll ?

Bruce Springsteen – High Hopes, 2014

Le nouveau Springsteen... je vous en avais déjà parlé à l'annonce de sa sortie et je vous confiais déjà mes craintes... N'y allons pas par quatre chemins, ce nouvel album ne fait pas partie des grandes réussites du Boss, mais on est très loin de la catastrophe. J'aurais aimé vous en parler en vidéo mais je suis en studio, je manque de temps... Je referai un blog vidéo dès que le disque sera en boîte !

 

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Tout d'abord, il faut savoir que High Hopes est un album à part – encore un ! - dans la discographie de Springsteen : c'est une sorte de compilation de reprises, de chutes de studio et de chansons qui n'apparaissaient jusqu'à lors que sur les albums live. Sur le papier, le disque à une odeur de fond de tiroir ; à l'écoute le tout se tient plutôt bien et quelques titres sont tout simplement excellents. L'idée de ce projet serait née d'une suggestion de Tom Morello, tellement invité – il joue sur plus de la moitié de l'album – qu'il vole totalement la vedette aux gratteux pourtant solides du E-Street Band ; Nils Lofgren et Steve Van Zandt se retrouvent ici cantonnés aux choeurs et à la guitare rythmique. C'est particulièrement dommage vue que la présence de Morello ne fait pas de bien particulier au disque dont le principal problème réside dans la production surchargée de Ron Aniello : les parties de guitare électrique, toutes excellentes cela dit, ajoutent encore un peu de lourdeur à des morceaux digestes comme un pudding au ciment. Le mixage a tellement de couches, tellement d'éléments qu'il devient difficile d'y discerner quoi que ce soit et, comme si ça ne suffisait pas, le tout est traité et retraité au point qu'une simple caisse claire prend des airs de beat synthétique...

 

Penchons-nous un peu sur les chansons... Le disque s'ouvre sur le single High Hopes de Tim Scott McConnels, une chanson enregistrée pendant les sessions de Blood Brothers en 1996 : et c'est une putain de bonne reprise ! C'est aussi un des titres où la production dantesque apporte un réel intérêt : le refrain fait retentir ses cuivres et une belle partie d'accordéon cajun et le djembe – parfaitement placé dans le mix – soutient magnifiquement un ensemble de percussions qui a sévèrement de la gueule – d'ailleurs, d'une manière générale, les percussions sont très bien utilisées sur l'ensemble du disque. Les fantômes de Danny Federici et Clarence Clemons passent sur le magnifique titre Down In The Hole(1). Springsteen se frotte à l'univers des gangsters avec Harry's Place, chanson plutôt réussie composée pour The Rising en 2001. On croise aussi une reprise bien trop produite de l'excellente chanson Just Like Fire Would de Chris Bailey de The Saints. Quelques chansons vous sont déjà connues : 41 Shots, déjà présente sur Live In New York City (2000) où elle était bien plus actuelle(2) et The Ghost Of Tom Joad, dont les versions live avec Tom Morello se trouvent par centaines sur Youtube où sur l'EP Magic Tour Highlight sorti en téléchargement en 2008. Production éléphantesque mise à part, ces versions studio n'apportent pas grand chose aux prestations live, et cette version avec le E-Street Band et l'ami Morello de The Ghost Of Tom Joad est à des lieues de la beauté nue de la version originale telle qu'on la connaît par le disque du même nom sorti en 1995. Le plus dérangeant est surtout qu'on trouve aussi quelques chansons sans intérêt comme Frankie Fell In Love ou This Is Your Sword, des titres qui ne sont pas foncièrement mauvais mais qui, servis dans cet écrin dégoulinant, se présentent sous leur pire profil, variétoche et déjà entendu. Le disque se conclut par une magnifique reprise de Dream Baby Dream de Suicide, le duo formé par Martin Rev et l'immense Alan Vega : je veux bien souffrir tous les titres insipides de ce disque dix fois pour une seule écoute de cette reprise ! C'est aussi un des rares morceaux où la production est vraiment pertinente et bien mise en oeuvre avec son mélange d'harmonium et de loops électro.

 

Au final ce patchwork aux allures de gratin de restes, n'est pas désagréable mais, mises à part quelques pépites dans l'ennui, on l'aura tous oublié très vite et très franchement, Springsteen le premier !

 

 

 


1 : Qui fait partie des quelques titres produits par Brendan O'Brien à l'époque. Rien de bien différent, il est de la même école que Ron Aniello : il en fout partout et il trafique le son jusqu'à plus soif. On est nombreux à regretter les derniers choix de producteurs qu'a fait Springsteen !

2 : Le titre parle de l'assassinat d'Amadou Dialo, tué par des policiers de quarante-et-une balles lors d'un contrôle. Ce fait divers lamentable, qu'on ne peut même pas qualifier de « bavure » tant le terme paraît insignifiant mis à côté des faits, avait occasionnés des rebondissements eux-mêmes assez lamentables et une gestion publique particulièrement détestable de la part de la police de New York. Histoire de ne pas en rester là, les syndicats policiers américains ont appelé au boycott des concerts de Springsteen et l'intéressé en a même été quitte pour quelques menaces de mort s'il rejouait 41 Shots en concert, ce qu'il a bien entendu fait et refait... Sale histoire.



16/01/2014
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