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PREMIÈRE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN JUIN 2011

Bonjour ou plutôt bonsoir, mes chers amis, mes innombrables lecteurs. Il y a des jours comme ça... Enfin, il y a des soirs comme ça... Le sommeil ne viendra pas, les clameurs de la ville et le chant mélodieux de la poivrasse qui titube fièrement à la sortie des bars de nuit rentrent par ma fenêtre en même temps que l'air humide. Une combinaison qui m'apaise d'ordinaire. La douce familiarité des bruits de la ville !

Bref... Une minuscule chronique devrait m'aider à ne pas aller cherche le sommeil au fond d'un des bars de nuit susnommés et merdiques de surcroît.

Nous sommes aujourd'hui le 13 juin : qu'est-ce qu'on s'en fout ? On s'en fout qu'il y a presque jour pour jour un an sortait Mojo, le premier album de Tom Petty avec les Heartbreakers depuis plus de huit longues années ! Que reste-t-il de ce disque, à la réception critique en demi teinte, avec un petit peu de recul ?

Le 15 juin dernier, l'album sortait dans les bacs. Deux semaines plus tard, alors que j'aidais mon cher ami Gussie à préparer la popote dans son petit appartement munichois, un morceau génial vint à mes oreilles.

« What the fuck is that ? It's great !

-That's Petty's new record. Take it if you want, I'm not into such things anymore. »

Le cuistot me colle donc la galette dans les mains et je trouve le nom de cette chanson qui m'avait tant plu : Something Good Coming. Rien que pour ça, ce disque vaut le coup. Ce n'est pas forcément le plus grand morceau de l'univers, cette chanson à un truc. Un petit je ne sais quoi de mystérieux, une force tranquille.

Le disque en lui-même est clairement bâtit sur un délire blues, mais on reste très loin du blues contemporain, les grilles n'étant pas des grilles de blues ; le format chanson d'ailleurs est privilégié, même si la plupart des quinze titres dépasse les quatre minutes – je crois même qu'une paire de titres sensés être retenus pour le mix final n'étaient pas complètement terminés au moment de la production. En tout, l'auditeur en a pour pile poil une heure très agréable.

Parlons vite, parlons bien : ce n'est pas un grand disque. C'est un très bon album néanmoins. Seule la production ne me fait pas rêver plus que ça – du bon boulot, mais sans intérêt particulier à mes yeux. La principale qualité est qu'on ne s'ennuie vraiment pas : ce n'est pas un disque à la prétention mal placée, ça joue pour de bon, il y a fort peu de fioritures et je crois même qu'il n'y a pas le moindre invité. Les Heartbreakers sont bien de retour. C'est certes du classic rock pur jus, pas franchement innovant, mais extrêmement plaisant ; en plus de ça, et sans sacrifier pour autant la cohérence de l'ensemble, le disque est bien construit et les chansons s'enchaînent parfaitement malgré une grande variété.

Après, la limite est que rien ne casse vraiment la baraque, soyons francs. Il y a de belles parties de guitare sous les doigts de Mike Campbell – le pilier du son du groupe depuis ses débuts – quelques gémissements de B3 bien placés – sur l'excellent Running Man's Bible notamment – et un Petty en forme, mais après écoute on a un drôle de sentiment d'avoir toujours un peu écouté la même chose. Mais First Flash Of Freedom et Something Good Coming sont deux chansons qui se hissent pour moi au dessus du « bien troussé » qui qualifie à merveille tout l'album – un disque avec de très bons musiciens, qui font de la très bonne musique, mais dont la muse est en congé. La chanson Candy est une bonne illustration du phénomène : c'est une bonne chanson, le thème est sympa, la rythmique est soutenue et il y a quelques petits passages de claviers vraiment bons, mais ça ne prend pas complètement, il manque le petit frémissement de je ne sais quoi...

Quoi qu'il en soit, le disque mérite amplement d'être écouté et réécouté. Je ne m'en suis pas lassé en un an, mais je dois confesser que, sans pour autant me servir pour caler mon armoire à cuillers aux pieds branlants, il me sert plus à faire à bouffer(1) – et ainsi à agiter le fondement en rythme en zigouillant tomates et tutti quanti. En plus de ça... c'est le premier album des Heartbreakers depuis très longtemps, c'est donc un album qui fait date de toute manière. Disons que je vous le conseille !

1 : Il fait aussi merveille pour tailler la route !