quid-novi-rock-n-roll.blog4ever.com

Quid Novi Rock'n'roll ?

Keith Richards – Life, 2010

PREMIERE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN DECEMBRE 2010


 

 

Bon, c'est promis, je ne vous emmerderai pas trop avec ça. Quand on a un blog qui draine la moitié de la toile, on a des responsabilités... en fait, je m'en cogne ; et puis je ne draine pas la moitié de la toile – en j'en suis heureux et d'autant plus honoré que quelqu'un perde son temps à lire ma prose délirante. Bref, je ne vous emmerderai pas trop avec ça. Le rock en bouquin fait déjà les choux gras de tous les journaux axés « culture » que lisent les bobos en Perfecto à la terrasse des bars branchés le dimanche matin. Je ne vous emmerderai pas trop avec ça – je me démerde pour le faire dès mon introduction en le répétant sur tous les tons – mais je compte quand même vous parler prochainement d'un autre fantastique ouvrage consacré au rock... wait for it... a little longer... be patient... breton ! Vous avez bien lu quand moi je n'ai fait que feuilleter, mais la rigolade en vaut la chandelle – les coupes de douilles et les band names inspirés valent même les cierges les plus balèzes. Nous y reviendrons, donc – et n'allez pas croire que je méprise l'ouvrage en question.

 

Pourquoi diable prendre la peine d'écrire un torchon sur un bouquin qui a électrisé tous les médias à sa sortie ? D'une part car il est vrai que la sortie de Life constitue en soi un (petit) événement historique et d'autre part parce que finalement le pavé vaut vraiment le détour.

 

 

A l'heure où j'écris ces lignes je n'ai même pas terminé le premier tiers après deux semaines de lecture par fragments, mais qu'importe, j'ai trouvé à peu près tout ce que j'aime dans les bouquins de ce genre. De là à vous dire si ça vaut ses vingt euros et des brouettes, je m'en fous totalement et, pour ne rien vous cacher de ma passionnante aventure de lecteur, le bouquin trône dans mes chiottes sur un numéro de Rolling Stone – quel hasard, ma chiotothèque et thématique.

N'étant pas un adepte pur et dur des Stones je trouve parfaitement mon compte dans le livre de Sir Keef qui avec une plume qui n'est pas si malhabile(1) – et servie par une traduction de haut-vol, même si on imagine bien que quelques wordplays passent à la trappe – retrace toute sa chienne de vie. Waf. Il ne nous épargne rien, considérant sûrement que nous sommes tous fascinés par sa petite enfance et son histoire familiale. Un peu de cynisme gratos ne doit cependant pas masquer qu'il réussit parfaitement à planter le décor : la banlieue londonienne d'après-guerre, les mutations musicale et sociale des années 50 et 60, la vie des musiciens pro de l'époque et de tout le petit monde qui gravitait autour au petit bonheur la chance. C'est loin d'être chiant et on a l'avantage de pouvoir lire le bouquin par portions et surtout de bénéficier des réflexions musicales du bonhomme. Quoiqu'on en pense, qu'on l'aime ou non, c'est toujours intéressant de découvrir tout ça, les méthodes de travail, les obsessions, les influences, l'extrapolation du raisonnement qui a permis d'aboutir à La Trouvaille, etc...

Le tout étant narré avec un humour pince sans rire de bon aloi pour une star qui en a vu, bardé d'anecdotes franchement poilantes et de petites mises au point à l'arrière-goût de règlement de comptes, Life se lit donc avec plaisir et permet aussi de livrer un témoignage – peu être moins important que ce que les médias ont complaisamment déclaré à son sujet – d'un contexte social finalement assez fascinant quand on considère la situation actuelle et l'approche que le grand public a de la musique – et vice et versa, ce qui ne fait pas vraiment honneur au monde de la musique toujours prêt à empaqueter de la merde dans des boîtiers cristal. Bien que je ne sache absolument pas si j'ai le droit de faire ça, je vous laisse avec un petit extrait assez marrant qui résume plutôt bien ce dernier point et le ton global de la prose Richardsienne.

 

« À la fin des années 50, les ados étaient un nouveau marché à conquérir, une aubaine publicitaire. Le concept d'adolescent vient de la publicité, une fabrication assez cynique puisque le simple fait de les étiqueter de cette façon a conduit les jeunes de cette tranche d'âge à se revendiquer comme tels. Ça a créé un marché non seulement pour les fringues et les cosmétiques mais aussi pour la musique, la littérature et tout le reste. Un panier à part. Ça a été une déflagration, une énorme vague de puberté. La beatlemania et la folie autour des Stones viennent de là. Ces filles auraient tout donné pour connaître enfin quelque chose d'autre. Quatre ou cinq mecs maigrichons leur ont fourni une issue, mais elle l'auraient trouvée ailleurs, de toute façon.

La force de ces nanas de treize, quatorze, quinze ans lorsqu'elles sont en bande m'a toujours fait peur. Elles ont failli me tuer. Personne ne m'a fait plus craindre pour ma vie que ces adolescentes. Si tu te laissais prendre dans leur déferlement, elles t'étouffaient, te déchiquetaient en lambeaux... Pas facile de décrire la trouille qu'elles pouvaient te flanquer. Tu aurais été mieux dans une tranchée en première ligne que de te faire emporter par cette marée de désir surchauffé, cette pulsion incompréhensible – même pour elles. Les flics se barrent en courant et tu te retrouve seul face à ce délire d'émotions débridées et sauvages. »

 

 

1 : J'ai eu la faiblesse de croire qu'il s'était passé de nègre, mais quand Neil Young a sorti son propre bouquin en 2012 il avait déclaré qu'il se moquait bien de Life car Richards ne l'avais pas écrit lui-même... Effectivement, il l'a écrit avec le journaliste James Fox.



18/06/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Musique pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres