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« Ce petit film m'a enthousiasmé pour le restant de l'année. »

Si petit soit un film, quand c'est M. Spielberg en personne qui prononce ce genre de phrase, le succès ne peut être totalement manqué. Once, film tourné en deux semaines chrono sans la moindre autorisation par une bande de copains à Dublin, a été fortement remarqué à sa sortie et s'en tire tout de même avec le prix du public du Festival de Sundance et rien de moins que l'Oscar de la meilleure chanson originale avec le titre Failing Slowly – et ce entre autres récompenses. Pas mal !

Le pitch de Once tient en quelques lignes et, à vrai dire, il n'y a pas vraiment d'histoire à proprement parler. On suit un chanteur des rues anonyme mais ouvertement talentueux et les fruits de sa rencontre avec une jeune tchèque tout aussi paumée que lui ; au lieu d'une histoire d'amour qui n'aura jamais lieu, c'est bien la musique qu'ils vont construire ensemble qui est le coeur du film.

Les interprètes sont Glen Hansard et Markéta Irglová, tout deux de réels musiciens officiant ensemble au sein de The Swell Seasons. À l'origine c'était Cillian Murphy lui-même qui aurait dû jouer le rôle du « guy » et Glen Hansard ne devait s'occuper que de composer la musique. Si John Carney a choisi ce musicien obscur – encore qu'il soit assez connu en Irlande – c'est pour deux raisons très simples : Glen Hansard est bourré de talent et il se trouve être un bon copain de Carney, ayant été son leader au sein de The Frames(1) entre 1990 et 1993. Prendre de vrais musiciens pour incarner les personnages était un excellent choix ; les situations ne réclament pas de performances d'acteur trop ardues(2) et les deux interprètes s'en tirent très bien et, surtout, les chansons sont excellentes même si ce folk gentiment pop n'est pas forcément de mon goût. Il y a quand même de très belles choses, Failing Slowly est une très bonne chanson, Say It To Me Now prouve que Hansard a du coffre et de la justesse et la chanson titre, Once, est magnifique – bien qu'elle ne soit jouée qu'assez tard pendant le générique...

Le film en lui-même est une succession de scènes, généralement musicales, qui explorent autant le déroulement du processus créatif que les relations des deux personnages principaux. On croisera une brève autobiographie acoustique et (faussement) improvisée du personnage campé par Glen Hasard où il réserve à son ex-copine infidèle un couplet metal assez savoureux, une soirée arrosée à l'irlandaise qui termine en tour de chant général, une sorte de clip où le personnage de Markéta Irglová marche dans la rue avec un discman dans les oreilles et une très jolie scène de rencontre musicale dans un magasin de musique. Avec un petit détour en studio qui réserve quelques scènes très réussies(3), le déroulement du film est dénué de surprises mais aussi de fausse note. Tout est très naïf, très chaste, assez drôle et malgré une réalisation proche du documenteur, on se sent plus dans un gentil conte, une fable, une gentille bluette rock. Tout le monde n'arrivera pas à tolérer ce côté mignon, pour les autres, Once sera un très bon antidépresseur.

1 : Je ne possède qu'un seul album de ce groupe, Set List (2003), un live enregistré en 2002 à Dublin. C'est sympa sans casser la baraque ; quelques chansons sont assez bordéliques... Le groupe se nomme à présent officiellement The Frames DC car un groupe américain possédait déjà ce nom.

2 : Même si le naturel de leur jeu montre aussi qu'ils étaient bien dirigés et qu'ils ont quand même un certain talent dans cet exercice.

3 : Même si mettre quelques micros ça et là aurait donné un peu de crédibilité à la scène... Je sais que c'est une petite histoire mignonne avant tout, mais vu le ton réaliste de la réalisation, ils auraient dû aller jusqu'au bout...