quid-novi-rock-n-roll.blog4ever.com

Bonjour tout le monde !

J'ai vraiment beaucoup de boulot en ce moment alors ce sera une chronique expresse – une suggestion de lecture plus qu'une vraie chronique devrais-je dire.

Référence : Jean-Philipe Gonot, The Clash, Coll. Castor Music, le Castor Astral, Bordeaux, 2010

Nous parlions déjà du Clash la semaine dernière et nous en reparlons aujourd'hui. Mais cette fois, à la manière de Jean-Philipe Gonot, nous oublierons le douloureux épisode du Clash MK II(1). L'auteur de cette monographie(2) se concentre en effet sur la « vraie » période d'activité du groupe telle qu'elle est généralement admise : c'est-à-dire de la rencontre orchestrée par Bernie Rhodes entre Mick Jones, Paul Simonon et Joe Strummer en 76 jusqu'au renvoi de Jones par Strummer sur les conseils de Rhodes en 83... les choses se font et se défont.

Et malgré des début très verbeux, sûrement trop, c'est vraiment intéressant à lire. Je dirais même que ça devient très vite passionnant. Le Clash, comme l'ensemble du mouvement punk, est pétri de paradoxes, de contradictions, de scories, de cicatrices, de blessures... Au sein d'une politique de groupe qui paraît être l'intransigeance même, c'est aussi une politique stalinienne, presque sectaire, menée avec un sérieux presque puéril qui se dessine... Le groupe, et c'est son plus grand paradoxe, a en effet été monté de toutes pièces par Rhodes pour surfer sur la popularité du punk, tout comme l'ont été les Sex Pistols par McLaren, et ses membres ont eux été choisis avant tout pour leur charisme et leurs idées politico-socialo-en-rogne. Pourtant, le Clash reste un groupe des plus sincère qui soit. Au milieu de tout ce bordel où l'arrivisme et le calcul se mêlent à un véritable phénomène de société et à une vraie effervescence artistique, tout, absolument tout est possible. La fin des années 70 marquaient vraiment la fin d'un monde et l'avénement d'une jeunesse chauffée à blanc ; tellement chauffée qu'à même pas une génération d'écart, les années 80 seront le berceau d'une musique beaucoup plus sage d'un point de vue politique, comme pour exorciser la terrible violence, l'absence de lendemain, le no future de l'éphémère mouvement punk.

Rien que le contexte est absolument passionnant ; et pourtant, le bouquin n'oublie pas l'essentiel : on parle avant tout d'un des meilleurs groupes de rock ayant foulé, matraqué à coups de Doc et souillé à coups de canettes éclatés, les planches dans tout le Royaume Uni et très vite le monde entier. Et bien entendu, il y a beaucoup à dire. Musicalement aussi, il y a beaucoup à dire. Qui connait le Clash sait qu'il y a également beaucoup à dire sur les quatre membres qui ont été son noyau dur pendant les quelques années où le Clash était peut-être le groupe le plus important du moment. Quant aux conflits qui ont finalement mené le groupe à sa perte, même si l'auteur ne s'attarde pas outre mesure sur ce triste sujet, ils sont aussi des clés pour mieux comprendre l'oeuvre complexe du Clash et son existence en forme d'étoile filante.

Une lecture que je vous conseille vivement si le Clash vous intéresse et même plus généralement si vous voulez en savoir plus sur le mouvement punk. C'est assez bien écrit, même si c'est parfois un peu trop littéraire à mon goût, ce n'est pas trop long, c'est précis(3) et vraiment très intéressant. Bonne pioche !

On se retrouve jeudi prochain !

1 : Comprenez le Clash sans Mick Jones et sans Topper Headon, c'est-à-dire à partir de 1983.

2 : Ainsi qu'on nomme ce genre d'ouvrages dans les milieux autorisés, il me semble.

3 : Même si, pour une raison qui m'échappe, les sources des citations ne sont pas mentionnées. C'est peut-être un détail, mais ça me les brise menues. Tout comme les traductions des chansons : mettre les vers originaux en anglais en note de bas de page n'aurait pas coûté excessivement cher en papier, non ?