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Quid Novi Rock'n'roll ?

La pensée, son contraire et Charlie...

 

Difficile d'attaquer ce billet pas mes voeux... putain, c'est terrible mes enfants, qu'est-ce qui s'est passé bon Dieu ? Mercredi dernier, je devais attaquer mon premier petit texte de l'année pour ce blog. Mon I-pod, posé sur la table à côté de moi, s'allume une fois en silence. Puis, à nouveau, l'écran s'illumine d'une nouvelle notification. Une autre la suit, et encore une autre. L'appareil se retrouve bientôt à clignoter en rafale bêtement, criblé d'informations fusant de toutes parts du flux continu du net. Pas besoin de vous le rappeler, vous savez tous ce qui s'est passé.

 

J'ai passé cette journée totalement anesthésié comme sous l'effet d'une énorme mandale. J'ai judicieusement choisi de déserter mon cours de boxe et l'expérience physique de ce traumatisme pour aller marcher avec une foule immense puis célébrer la mémoire des anars innofensifs tombés sous les balles de fascistes qui rêvaient d'être spirituels en dégommants quelques bières en bonne compagnie. Et là... on s'est surpris à bien rigoler... La gorge un peu serrée parfois, mais on a rit. On a ressorti nos vannes préférées lues au fil des années, ironisé sur les déclarations « prophétiques » de Charb qui « préférait crever tout de suite » ou « mourir debout que vivre à genoux » et même franchement rit en réalisant le jeu de mot que créait l'usage du terme « prophétique ».

 

Après... ce truc me hante depuis. L'impossibilité de ce qui s'est passé me pèse sur la conscience. Mais c'est arrivé. Je ne peux pas résoudre cette équation morbide pour le moment. L'endoctrinement et le conditionnement sont pour moi des notions quasi-abstraites, je n'ai aucune représentation mentale de tout ça. Je ne peux pas comprendre. Je ne peux pas comprendre le fanatisme non plus. Même le fascisme, dont on a maintes fois démontré le fonctionnement, me dépasse. Je n'ai aucun problème à me représenter la folie, a comprendre que le cerveau est un organe complexe qui peut se dérégler, balancer anarchiquement des décharges chimiques mal dosées, vous faire agir de manière irrationnelle et dangereuse... Mais l'asservissement d'un esprit à une idéologie ça me fend le coeur et ça me retourne le cerveau ; je n'y comprends rien.

 

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Par contre, la subversion est un concept qui m'est plus familier. Un dessin c'est terriblement subversif. Parce que tout le monde peut le comprendre. L'humour est encore pire. Une bonne grosse blague bien grasse qui vous scandaliserait en temps normal peut vous faire pouffer malgré vous si elle est bien balancée. L'esprit fait le reste et d'interrogations en pistes de réponse on se retrouve à penser ! Penser ? Penser ! Pensez-vous donc ! L'idéologie se doit de refuser la pensée, l'idéologie se doit de dicter la morale, d'être morale et de condamner tout ce qui ne l'est pas, l'idéologie ne peut tolérer qu'elle-même, l'idéologie ne peut accepter aucune attaque quant à son bien fondé. Alors la pensée, l'idéologie vous pensez bien qu'elle la combat, la pauvre ! Ce pauvre petit phénomène auquel même le plus obtus des esprit se confronte au moins une fois dans sa vie est un terrible risque : la pensée passe par l'interrogation, l'interrogation amène le doute et le doute fait partie des nombreux mots que l'idéologue éclairé a reporté dans son livre noir aux côtés de tous les autres mots qui peuvent détruire sa doctrine. L'idéologie ça ne défend rien, ça ne se bat pour rien. Les causes prétendues ne servent qu'à rallier des fidèles, sa seule finalité, sa seule raison d'être, c'est le contrôle. Je pense que le préchi-précha guerrier avec un très vague fond d'Islam copieusement arrangé à la sauce barbare dont se réclament les pauvres bougres endoctrinés qui partent se battre et mourir a très malheureusement prouvé sa faculté de contrôle. Les nazis et les soviétiques ont utilisé les exacts mêmes biais idéologiques avec un argumentaire spécifique pour contrôler leurs ouailles.

 

Alors qu'est-ce qu'on peut faire ? Je pense qu'il faut cultiver tout ce qui peut faire obstacle à toute idéologie. Parce que, par les temps qui courent, les âmes en peine en quête d'un sens à leur vie sont prêtes à se ruer vers tous ceux qui promettront de les sauver. Les chapelles et les crèmeries sont nombreuses, les nazillons et les fous de Dieu étant finalement de la même race tout en promettant de s'entre-tuer. Une idéologie, ça n'a en revanche pas peur d'être complètement con.

 

Alors les amis, faites-moi plaisir, ruez-vous sur vos bouquins, votre rock'n'roll, confrontez les idées, faites du bruit, pensez, exultez, pesez le meilleur et le pire, métissez-vous, batardisez tout ce que vous savez, noyez-vous sans peur dans tout le bordel qui nous entoure sans chercher à y donner un sens car il n'y en a pas. C'est en croyant, et j'insiste sur le mot « croire », à quelque chose d'aussi illusoire que l'existence d'un « sens » de la vie, que notre esprit se ferme petit à petit à tout ce qui y est étranger, à tout le reste, à toute l'immensité du monde et tout ce qui l'emplit... C'est en se focalisant sur une pensée unique, quand bien même serait-elle profonde, que les incompréhensions grandissent, s'installent, se complaisent et se reproduisent, engendrant durablement une rigidité qu'on ne prête qu'aux cadavres. Il n'y a pas de résurrection.



15/01/2015
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