quid-novi-rock-n-roll.blog4ever.com

Aujourd'hui on est vendredi. Les chroniques c'est le jeudi. Mais jeudi, il était absolument impossible de publier – trop de travail, mais ce n'est pas la plus valable des excuses, j'en conviens. Toujours est-il qu'aujourd'hui, vendredi, je rentre chez moi après avoir été récupérer une caisse de merchandising malencontreusement oubliée hier soir. Je me colle à mon ordinateur fièrement posé sur la table de la cuisine pour commencer à trouver des idées pour pondre ma chronique du jour. Ayant acheté en chemin Des Visages Des Figures (2001) que j'avais perdu, je le mets donc dans la platine du système son de ma cuisine, un amas de bric et de broc glané ça et là mais qui sonne très bien. Au bout de quelques minutes de rêveries diverses, bercé par la musique, je songe un temps à vous parler du retour de Bertrand Cantat et notamment de sa nouvelle chanson, Droit dans le soleil ; mais d'un coup je change d'avis. Putain, ce disque sonne trop bien sur un système pas franchement glorieux...

Car oui, j'ai un système son dans ma cuisine. Pourquoi ? Tout simplement parce que je suis toujours en train changer les éléments de celui qui occupe la place traditionnelle : le salon. Du coup, j'avais un vieil ampli en stock, un petit Sanyo des années 80, acheté 30$ européens dans un cash converter. Seulement 30€ plus tard je lui collais au cul une paire d'enceintes à dix balles et une platine CD qui en coûtait péniblement le double. La facture totale, de soixante deniers, couvrirait à peine l'achat d'un poste multifonctions au son atroce et à la durée de vie aléatoire... Il est clair que les audiophiles pur jus vont bouder, mais laissons les autistes à leur dure vie pour nous poser la question suivante : pourquoi Diable se fracturer les oreilles sur du matos de merde vendu une blinde qui ne va pas sonner un clou et se fera couler une bielle à la première occasion ? Prenons par exemple ce petit ampli : c'est vraiment un truc à l'ancienne, il n'y a même pas d'entrée CD(1), et il doit avoir un certain nombre d'heures de vol au compteur. Sachez que rien qu'entre mes mains il y a bien dû rester allumé l'équivalant d'une année entière et il marche du tonnerre de Dieu. Les enceintes : une paire de Pioneer de la même époque. Pour la source : une platine JVC un peu plus récente qui ne rechigne jamais à lire un disque, même sévèrement bousillé. Certes, nous sommes à des années lumières de ce qu'on peut faire de mieux, mais bordel ! J'ai mis ça là pour éplucher mes légumes et j'ai déjà un meilleur confort d'écoute que beaucoup pour une somme assez dérisoire. Je suis trop fort.

Je blague, bien sûr. Le point ici n'est certainement pas d'essayer de prouver que je suis plus malin que tout le monde, mais qu'on se fait quand même sévèrement entuber. Les mini-chaines qui poussent à l'extrême le concept de obsolescence programmée tant et si bien qu'on aimerait presque que la date d'expiration soit inscrite sur la notice(2), le .mp3 compressé, le remplacement des correcteurs physiologiques par des bass-boosts mal foutus, les supports dédiés à l'accueil des I-Pods et I-Phones, tout ça c'est du vent. Tout ça ne tient absolument pas compte du son et donc de la musique et des gens qui se cassent le cul à la faire le mieux possible.

Parce que se faire ainsi mal aux oreilles, s'accoutumer aux sons de piètre facture, céder aux dernières modes idiotes, c'est jouer un jeu qui ne fait gagner que les fabricants et l'industrie musicale qui, comme toute énorme puissance économique, est toujours prête à nous faire avaler de la merde, à nous y habituer et à rendre ça ordinaire : c'est plus facile à produire et si en plus c'est facile à vendre... Bien que les conséquences pour notre monde ne soient pas comparables, l'idéologie qui se cache – et encore, à peine – derrière tout ça a des atomes crochus avec celles des Monsanto et autres saloperies. C'est même drôle car on peut cependant faire un parallèle écologique : en se fournissant dans les dépôts-vente, les cash converter ou même sur les petites annonces, on donne une seconde vie à du matos toujours en état de fonctionner et on l'empêche d'aller pourrir bêtement dans une benne. Sachant que, généralement, ça ne vous coûtera pas grand chose et que vous pourrez vous targuer d'avoir activement sauvé la planète en écoutant vos disques préférés, je vous exhorte : soyez un héros !

1 : Mais par contre il y a un préampli phono monté d'office... Putain, c'était vraiment une autre époque ! D'ailleurs, pour les amateurs de vinyles : tout dépend de la qualité du préamp' monté sur votre système, mais parfois, un préampli dédié peut magnifier le son de manière spectaculaire – mais là pour le coup, ça vous coûtera une burne. Ça vous coûtera d'autant plus une burne que je déconseille à tout le monde d'acheter une platine vynile d'occasion : il est très dur d'en trouver de bonne qualité. Quand c'est le cas, les gens ne sont pas trop cons, ils les gardent ! Si la qualité ne pose pas de soucis majeur pour les platines CD d'occasion de milieu de gamme qui sont très correctes le plus souvent, une platine vinyle a ceci de particulier que le son passe via un micro ! Ce qui fait que si la platine n'est pas de bonne facture, vous aurez d'une part, un micro de mauvaise qualité – le diamant si vous préférez – qui ne sonnera pas bien et d'autre part, une platine construite à l'économie et un micro, certes bas de gamme, mais qui restituera parfaitement le bruit du moteur et des courroies, faute d'isolation phonique. La seule solution c'est de tester et de faire confiance à ses oreilles.

2 : Pour mes douze ans, mes parents m'avaient offert ma deuxième mini-chaine, une petite Sony très jolie, qui sonnait mieux que tout ce que j'avais pu avoir jusqu'alors. Je l'ai gardée pendant des années et j'ai dû remplacer la lentille pas moins de deux fois – facture salée en sus – et elle reste toujours terriblement capricieuse.