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Quid Novi Rock'n'roll ?

Black Sabbath – Sabbath Bloody Sabbath, 1973

Allez, retour dans mes chères années 70 avec un énorme succès du groupe de heavy metal britannique Black Sabbath.

 

Sabbath Bloody Sabbath est le cinquième du groupe et le premier à marquer réellement une évolution dans son son. Mais présentons brièvement le groupe pour commencer – et remettre un peu les pendules à l'heure de ceux qui croient qu'Ozzy se chargeait de tout car rien n'est plus faux... À cette période et jusqu'à la fin des années 70, la composition du groupe sera stable : Bill Ward à la batterie, Ozzy Osbourne au chant, Geezer Butler à la basse, qui écrit les paroles des morceaux et surtout Tony Iommi, le créatif. Le guitariste, amputé de deux doigts à la main droite a développé un jeu bien à lui et une véritable culture pour les rifs bien lourds ; il accordait aussi sa guitare plus bas pour que les cordes, plus molles, opposent un peu moins de résistance et donnent ce son lourd qui fait la signature sonore de Black Sabbath.

 

Étant donné que presque toute la scène hard-rock et metal – et bien plus encore à dire vrai – se réclame plus ou moins de Black Sabbath et que les ventes du groupe ont toujours été bonnes, difficile de dire si ce disque en particulier a eu plus d'influence qu'un autre. Ce qui est sûr c'est qu'il a très très bien marché, se hissant notamment à la quatrième place des charts britanniques. Il a même si bien marché qu'il a donné du grain à moudre aux ligues de culs-serrés-bien-pensants-américains-religieux-puritains-parents-responsables-j'en-passe-et-des-diableries qui ont vu là une invitation divine à mener croisade contre l'ennemi sataniste et ses hordes de rockers du Démon qui mutilaient l'esprit de leurs enfants... Mais en ce qui me concerne, j'ai choisi de parler de ce disque en particulier car je le trouve très intéressant. Sabbath Bloody Sabbath, sans jamais se trahir, est d'une richesse incroyable et les compositions sont presque toutes remarquables d'ouverture sur à peu près tous les genres musicaux et toutes les influences. Et pourtant cet album n'est pas né sans douleur : « We got really discontent. Everybody was sitting there waiting for me to come up with something. I just couldn't think of anything(1). » Même Tony Iommi, le grand Tony Iommi, la tête pensante du groupe, était à sec...

 

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Composé après quatre albums sortis coup sur coup entre deux tournées, Black Sabbath se retrouve dans la même situation que presque tous les groupes de rock qui se sont retrouvés à courir se genre de marathon : tout le monde à le nez dans la poudre, la bouteille à la main et la cervelle qui coule par les narines. L'enregistrement du cinquième album sera la toute première pause du quatuor depuis sa création. En toute logique, les morceaux sont beaucoup plus apaisés. D'autant plus apaisé que le groupe a emménagé dans une "véritable" demeure hantée, le Clearwell Castle dans la forêt de Gloucestershire où le groupe le plus occulte de Grande-Bretagne se sent forcément encore mieux qu'à la maison... Les riffs de Tony Iommi sont toujours aussi saignants quand il a décidé qu'il en serait ainsi et les hurlements disgracieux d'Ozzbourne sur la chanson titre en ont poussé plus d'un à arrêter aussi sec l'écoute de l'album, mais il y a aussi moult moment de pure poésie obscure et de rêverie embrumée. Prenez par exemple « National Acrobat » : la chanson est une petite perle de composition avec plusieurs évolutions et un final qui tue à la double pédale, un vrai bon morceau de heavy metal. Et le disque d'enchaînner aussi sec par l'instrumental « Fluff », une berceuse décadente où Tony délire avec piano, clavecin et guitare acoustique qui lorgne vers les compositions baroques et la musique savante. Et on continue avec le monstrueux « Sabbra Cadabra » qui est totalement dingue : un riff de guitare incroyable, le piano et le synthétiseur totalement perché de Rick Wakeman de Free venu en copain(2) et un Ozzy en pleine transe. Je ne vous énumère pas tous les titres, ils sont tous excellents même si j'ai un peu de mal avec le riff de synthé bien à l'ancienne de « Who Are You » malgré tout ce que le morceau propose d'intéressant par ailleurs ou l'arrangement pour cordes de « Spiral Architect » qui s'intègre bien dans le délire occulte du groupe mais qui a mal subit les outrages du temps...

 

Allez, on allumes ses bougies noires, on zigouille le poulet(3) et on ouvre grand les esgourdes : aujourd'hui c'est le Sabbath Noir ! Un disque indispensable à mes yeux qui ravira les amateurs de metal et de rock progressif, un grand classique à défaut d'être le plus grand du groupe, un titre qaue votre subjectivité décernera bien mieux que moi...

 


NOTES : 

1 : Jerry Ewing & Bill Ward [citant Tony Iommi] in Classic Rock Magazine, Londres, Mars 2009

2 : Il paraît même que Led Zeppelin aurait enregistré une version de « Sabbra Cadabra » en jam session avec leurs grands potes de Black Sabbath pendant les enregistrements de l'album. Je n'ai pas les sources nécessaires sous la main pour vérifier ça, mais ça mérite une petite enquête !

3 : Si vous n'avez pas de vierge sous la main.



06/11/2014
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