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PREMIERE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN JANVIER 2011

Il ne me semble pas qu'en ces gastes temps un vent d'anarchie flotte dans l'air... ce qui me flingue le moral et mes derniers stigmates d'optimisme. Pourtant une petite virée au cinoche m'a donné une banane de tous les diables. Une salutaire confusion des horaires m'a permis de voir le film que je ne venais pas voir : Faîtes le mur ! de Banksy célèbre street artist anglais.

Que le film soit un véritable documentaire ou non m'importe peu et je ne pense pas que ce dilemme pose de si intéressantes questions de toute manière. Donc, je vais être franc, je ne sais absolument pas quel crédit il faut accorder à ce qui nous est montré : que l'escroquerie de Mr Brainwash soit intentionnelle ou fortuite, elle reste tout autant savoureuse. Je vous laisse découvrir le magistral coup de pied au cul administré au monde de l'art au terme de ce film complètement dingue où le cocasse vous tient la main du début à la fin.

Non seulement on se marre, mais en plus, les questions posées avec toute l'ironie qu'il faut sont passionnantes. En particulier la question de l'art complètement libre, débarrassé de presque toute forme de contrôle et de répression – la seule possible étant la traque des tagueurs et autres pochoiristes et le nettoyage des graffitis –, donne un poil d'espoir aux romantiques dans mon genre. L'invasion de la poésie dans ce qui est froid et anonyme c'est beau, vandaliser en embellissant c'est le pied de nez ultime à la l'ordre et la loi. Une petite fleur sur un mur qui ferait l'effet d'une exhortation à ne jamais obéir. À rien. Et je ricane comme un con, satisfait. De nos jours Ferré aurait probablement la double casquette de poète et de tagueur. Ça aurait de la gueule. « La poésie est dans la rue ! »

Après je pourrais aussi arguer que mon optimisme humaniste était un peu tempéré par l'uniformité totale de l'audience : tous autour de vingt berges, probablement tous étudiants en sciences humaines, branchés, mondains et élitistes à notre manière, écrasés sous le poids de nos auto-congratulations d'être venus voir cette curiosité filmique qui nous a fait nous sentir super malins.

Merde... J'avais la banane il y a cinq secondes. Allez, je déconne, je suis ravi !