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Quid Novi Rock'n'roll ?

Hugh Laurie, Let Them Talk, 2011

PREMIÈRE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN JUILLET 2011


 

 

Originellement connu pour ses facéties aux côtés de Stephen Fry, le britton Hugh Laurie a, depuis un bon moment, pleinement apprécié une nouvelle définition du mot notoriété en incarnant le docteur Gergory House sur presque toutes les télévisions du monde. Nonobstant le fait qu'il ait trouvé là un rôle sur mesure et qu'il campe, à mes yeux, un des meilleurs personnages de fiction de ces dernières années, l'ami Laurie a décidé que tout cela ne suffisait pas... Voici donc Let them talk, premier album blues pour le faux docteur britannique !

 

Allez, je vends la mèche directement : c'est un très bon album. Je l'aurai oublié dans quelques années, mais j'ai pris mon pied. Vraiment. Et, à vrai dire, c'est la même chose à chaque écoute.

Terrassé par la maladie – un rhume tenace en fait –, je n'ai pas le sentiment d'être en pleine possession de toute ma verve, aussi serai-je bref ; vous irez écouter par vous-mêmes pour trouver les précisions qui feront défaut à ce billet.

 

 

Commençons par ce qui est à mon avis le plus réjouissant : il y a sur ce disque une nonchalance mêlée de modestie parfaitement délicieuse ; mais il y aussi un évident amour, une passion même, pour ce blues poussiéreux et authentique. Laurie sait bien qu'il ne peut prétendre à rivaliser avec les légendes du blues qu'il reprend, mais son interprétation, en plus d'être bonne selon les canons admis, est personnelle et très agréable ; pas de singerie, pas de pastiche. C'est un sujet de Sa Majesté qui chante le blues et qui ne ment pas. Cette sincérité perceptible à chaque mot met tout de suite en confiance, comme si un vieux pote prenait le piano en fin de soirée pour chanter John Henry avec quelques autres buddies fatigués qui, les yeux dans le vague, fredonneraient les refrains du bout de leurs lèvres un peu alcoolisées, avec toute la douce quiétude que cela suppose. Oui, on passe un excellent moment à l'écoute de ce disque.

Musicalement, il n'y a pas non plus de prétention mal placée. Sans redéfinir magistralement le concept de sobriété, tout est épuré et assez brut. On en vient presque à sursauter quand on s'est fait au blues contemporain, électrifié et imposant : « Damn right I've got the blue... » comme dirait Buddy Guy. Tout étrange que cela puisse être, le disque de Hugh Laurie surprend aussi par sa nudité passée de mode ; on revient pourtant, toujours sans pastiche, aux racines brutes du blues. Ainsi on trouvera assez peu de musiciens : Laurie, au chant bien sûr, mais aussi à la guitare et piano, un second guitariste, une batterie et une contrebasse et vous avez le noyau du disque. Il y a bien un peu de cuivraille New Orleans – sur Buddy Bolden's Blues, par exemple – et d'accordéon, de violon, etc. pour corser l'affaire, mais on en restera là ! Et la sobriété n'empêche en rien qu'il y ait de très belles parties musicales ; au contraire, l'ensemble ne manque ni d'identité, ni de qualité. Le mixage « absent » offre de plus un parfait écrin : le son est très pur, mais aussi, et surtout, très brut, reverb mise à part, aucun effet n'est discernable, on est presque dans l'acoustique pure. Ce qui ne doit pas faire oublier la qualité remarquable des prises de son : écoutez le piano sur Six Cold Feet...

Enfin, le choix des chansons est excellent. On ne passera pas les années trente. Il y a de grands classiques, comme St James Infirmary et son intro au piano très réussie, mais aussi quelques perles bien moins communes. Je vous laisse apprécier.

 

Le seul moyen de se faire un avis sur ce disque est de l'écouter. Quoi qu'il en soit, Hugh Laurie n'est pas un prête-nom mercantile ; le disque n'est pas si facile d'accès, mais il est très bon. On le savait musicien, on le savait chanteur, mais plutôt de chansonnettes humoristiques ; on sait que c'est définitivement un artiste complet, et sa sincérité est très agréable. On est à des lieues des disques lamentables qui pullulent à la suites des caprices de stars en manque d'inspiration et d'amour propre. D'ailleurs, si vous souhaitez voir une authentique imposture parfaitement à propos, jetez-vous sur la chanson Docteur House de Christophe Hondelatte, tant affligeante qu'hilarante. Vous me remercierez pour ce que voudrez.

 

Portez-vous bien, mes amis.



15/07/2013
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