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Quid Novi Rock'n'roll ?

Renaud - Renaud chante Brassens, 1996

PREMIÈRE PUBLICATION SUR POP SUCKS, ROCK ROCKS EN JUILLET 2011


 

 

 

Bonjour chers amis...

C'est en m'attelant à une vaisselle monumentale, tôt ce matin, que j'ai choisi d'égayer cette noble activité pas franchement captivante de quelques notes élégantes. L'envie me prend de réécouter l'excellent Renaud chante Brassens ; l'envie me prend maintenant de vous en toucher deux mots.

 

Passons rapidement sur une polémique inutile : pourquoi Diable cet album ? La question est pourtant légitime car, si les arrangements sont aussi sobres que remarquables avec des musiciens solides, ils sont aussi résolument semblables, au moins dans l'esprit, à ceux des chansons originales. Vous vous en doutez probablement, mais la voix de Renaud est au moins aussi peu musicale que celle de Brassens – même si j'apprécie l'une comme l'autre – nous sommes bien dans le domaine de la chanson à texte. C'est là qu'on peut trouver cet album quelque peu inutile et que le loubard blondinet aurait pu laisser Tonton Georges couler des jours heureux dans son caveau. Mais... la sauce prend plutôt bien et le disque est certes dispensable, mais surtout très agréable.

 

 

Le son est forcément plus moderne que celui des enregistrements originaux, mais c'est à mettre au crédit des progrès techniques et de moyens qu'on suppose plus importants. Car les petites mains du studio ont donné un son très brut, dans le même esprit que celui qu'on trouvait sur les enregistrements de Brassens, très soigné, avec la voix en avant et un bel équilibre des parties musicales. Rien de transcendant, mais je tiens à le préciser car cela peut aussi être un argument pour ceux qui sont allergiques aux enregistrements originaux de Brassens, qui, un peu à la manière d'un Dylan, préférait la noble Idée platonicienne de la chanson à sa basse exécution technique – sans compter que l'un comme l'autre ne sont pas non plus les plus grands interprètes du monde.

 

Renaud réalise donc un bon album, mais on sent que c'est plus un album personnel que commercial, un « petit » disque assez attachant et le dernier avant la longue traversée du désert de Renaud et son retour, artistiquement négligeable et ça ne s'arrange guère, avec Boucan d'enfer en 2002.

Le choix des textes est paradoxalement secondaire ; Renaud s'est visiblement fait plaisir et a tout simplement choisi ses chansons favorites car on trouve un peu de tout, des classiques comme des chansons un peu moins connues quand on n'est pas un inconditionnel du génie de Cette. On trouve donc Le Gorille – avec mon image préférée de Brassens, « un jeune juge en bois brut », géniale fulgurance, qui rime providentiellement avec « singe en rut » ; ça ne s'invente pas –, Je suis un voyou, La Marine, L'Orage, les deux magnifiques textes de Victor Hugo, La Légende de la Nonne et Gastibelza et le célèbre texte de Jean Richepin, Philistins que je vous retranscris pour le plaisir.

 

 

Philistin, épiciers

Pendant que vous caressiez

Vos femmes

 

En songeant, aux petits

Que vos grossiers appétits

Engendrent

 

Vous pensiez, ils seront

Menton rasé, ventre rond

Notaires

 

Mais pour bien vous punir

Un jour vous voyez venir

Sur Terre

 

Des enfants non voulus

Qui deviennent chevelus

Poètes

 

 

Et l'ami Séchan n'est pas avare car il y a en tout vingt-trois chansons – sur vingt-cinq enregistrées : vous en avez pour une belle heure.

 

D'autres ont déjà chanté les louanges de Georges Brassens et je ne vais pas m'étendre, mais c'est frappant quand on écoute toutes ces chansons : cette plume, ce sens du mot sont incroyables ; le culte Brassens est légitime – mais, et c'est souvent en cela que certains grands amateurs de Brassens sont pénibles, il y a des tas d'autres paroliers intéressants, loin de ce classicisme impeccable et érudit, il faut aussi parler d'eux ! Quoiqu'il en soit, à chaque fois, à chaque écoute, je suis charmé par cette intelligence lumineuse, par cette irrévérence si élégante, pleine de panache et de dérision. Et puis il y a aussi de la tendresse un peu grivoise, immorale et jubilatoire, comme la ravissante amourette de L'Orage... Cette conclusion était bien sûr destinée à ceux qui ne peuvent encadrer le moustachu : comptez avec lui, ce serait faire l'impasse sur un des plus grands auteurs de chansons de tous les temps. Je pense que c'est même pour cela que Renaud a fait ce disque, en plus du plaisir évident, il y a un hommage appuyé, une célébration de l'esprit affuté, du libre penseur à tendance sévèrement anar de Brassens et très franchement c'est un vrai bonheur.



17/07/2013
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