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Un matin j'ai compté tous mes ennemis. Un par un. J'ai fini de compter plusieurs jours plus tard. La déshydratation m'avait lessivé le cerveau. Heureusement, compter mes amis a été très facile. Comme dirait la TG : « six milliards de connards » se terrent autour de nous ; et tu en fais peut-être partie. « Trop l'angoisse... », j'ai pensé avant de partir dans un rire à faire frissonner la folie.

Les années 2000 sont dures à supporter pour quelqu'un qui vient de se déshydrater le cerveau – je bosse d'ailleurs sur un procédé pour le transformer en poudre et lancer une gamme de cerveaux lyophilisés. Ce nouveau millénaire est parfait pour perdre tout humanisme : cerné par des Sarkozystes fiers d'eux-mêmes – à vrai dire c'est le coeur de cible de mes nouveaux cerveaux lyophilisés – qui roulent les mécaniques de leurs montres dont la taille et le mauvais goût ne trouvent leur pareil que dans leur branchitude et leur prix, l'anarcho de base a de quoi mobiliser tous les moulins de la planète pour moudre tout son grain... Qu'ils aillent au Diable ; ils pourrissent, par leur seule présence, la vie de ceux qui n'ont rien à secouer de la politique et de cette nouvelle société de cour qui glousse, courbettine et fellationne pour être la plus belle, parée de milles atours et pomponades. C'est ça le truc, quand j'ai le cerveau déshydraté, j'arrive même plus à rire du ridicule ; quand j'essaie de m'en foutre, pas moyen, ça me flanque trop la gerbe. Et les braves cons qui n'ont pas un rond, sont béats d'admiration... Vite... de l'eau ! Six bières ! La même pour cheval ! Arg... Foutue époque...

Comme si cela ne suffisait pas, la musique semble aussi avoir pris un magistral coup de balais ; le manche du susdit accessoire ménager s'étant retrouvé fiché dans son cul. Point barre. Heureusement que je vis dans un beau pays où les d'jeun's qui connaissent la valeur de l'argent (« Ben, ouais, Papa il a dit que ça tombait pas du ciel... ») téléchargent les derniers tubes bien à chier et entretiennent leur décébrage pour pas un rond. Si seulement ils étaient prêts à allonger une roupie ou deux, je suis sûr que mes cerveaux en poudre leur plairaient. Le truc qui me chiffonne, c'est que leur docilité et leur absence totale de cojones me coupent les miennes sur le coup. Aïe.

Heureusement, je vis dans un beau pays et j'ai finalement pu trouver de la musique pour réhydrater mon cerveau. De la bonne musique. Dont tout le monde se fout. Dont personne ne parle. Pas assez pourri pour passer à la télé. C'est pas grave : on a Carla, Benjamin, Vincent, Raphaël, le squelette du corps de la chose qui fut autrefois nommée Renaud et un bon gros tas de rappeurs qui feraient bien de réécouter en vitesse NTM avant de se retrouver à faire de la variété en se croyant toujours rappeurs. Fait chier, foutu pays...

Avec mes cojones coupées dans un sac et mon cerveau déshydraté dans un petit sachet qui contenait autrefois de la cocaïne, j'ai lu des bouquins, vu des films et fait les boutiques. J'en ai profité pour investir dans un cache sexe et un petit panier pour y déposer mes yeux brûlés. Foutue époque.